Le Cercle du Capharnaüm

sympa! j'y penserai...

Ah ouais mes trois mots... heu bin voyons...
Bleu, lampe, amputation.

Après deux démonstrations de cette qualité, je m'incline tout bas et trouverai peut-être un jour le courage de me lancer! ^^
Encore bravo, c'est vraiment superbe!

Il est sympa ce pirate, mais je ne suis pas sûr d'accepter une invitation à diner chez lui.

Dernière modification par Curios (12 Jan 2010 13:27:39)

procrastination

Oui ? On m'appelle ?!

Couture- Indéfendable-Emprunt

L'homme assis a même la pierre eut un sursaut lorsque la porte s'ouvrit. Un homme a l'allure de géant pénétra bientôt suivi par un vieillard d'aspect vénérable qui prit la parole d'une voix glacé:
« Salut a vous frère, êtes vous prêt a  reprendre notre entretien ? »

Le géant lui apporta un tabouret et une chandelle. La lueur fugitive des bougies permit de distinguer des yeux bleu comme la glace et un regard tout aussi dur qu'elle.
Le prisonnier, dont on ne voyait que le dos entièrement recouvert d'un tatouage représentant la croix escarte, se retourna et acquiesça lentement. Bien que en cellule, il avait l'air en pleine forme. La venue des visiteurs l'ayant interrompu au cours de ses prières.

« _Bien, comment s'appelait t-elle, frère ?

_Halima Bint Hicham Ibn Moussa al shiradii, c'était son nom complet. Un peu long n'est ce pas? Elle avait pour elle la beauté et la grâce mais ne connaissait que la pauvreté et la crasse. De ces doigts agile de couturière elle avait la capacité de soumettre mes sens a une exquise torture. Mais je vous le jure c'était d'amour dont il s'agissait tout comme celui unissant notre Seigneur Aether à sa douce Mira.

_Prenez garde au blasphème! » siffla le vieillard que sa tenue permettait d'identifier comme un Inquisiteur. Puis d'une voix plus douce: « Vous ne pouvez comparer l'Amour d'Aether pour Mira a celui que pourrait ressentir un mortel, aussi fort soit-il. Comment l'avez vous connu?

_Pardon Frère Inquisiteur, je l'ai connu a Sagrada peu après la prise de la ville. Elle vivait dans le quartier shiradim ou j'ai été détaché pour le maintien de l'ordre. C'est au cours d'une des patrouilles que j'ai vu pour la première fois Halima, elle avait été roué de coup et abandonné au milieu de la chaussée par certains des malandrins qui sévissait la bas. Au départ, c'est la pitié qui a motivé l'attention que je lui portait. Car, voyez vous elle n'avait plus de famille, personne pour la défendre. Et pire que cela son père était mort la laissant crouler sous le fardeau des dettes accumulé par une vie entière passé a boire et jouer.

_Il est vrai que Jason nous enjoint a la pitié mais la pitié doit être accompagné de clairvoyance car elle peut nous conduire a l'erreur, murmura t-il d'une voix mielleuse.

_Frère Inquisiteur, je ne pouvais qu'ignorer qui elle était réellement. Pour moi, il ne s'agissait que d'une faible femme.

_Oui, une faible femme qui ne demandait qu'a être protéger et épouser. Voyons, Enguerrand, ne vous avions pas prévenu qu'en Jazirat ne régnait que la fourberie et la malignité.

_La fourberie et la malignité ne pouvait émaner d'une telle beauté et grâce. Elle s'est même converti a la foi Escarte acceptant de voir en Jason notre sauveur. Et c'est après cela que je l'ai épousé.

_Malgré l'avis de votre famille.

_Un homme est libre d'épouser qui il veut tant qu'elle partage sa foi, vous le savez.

_Mais peut il passer outre les conseils de sa famille? Tout ceci aurait pu être évité.

_Je le sais et croyez bien que je le regrette, mais je l'aimait je vous le jure.

_Je vous crois, et je crois que vous mérité aussi la vérité.


L'inquisiteur se redressa sur son siège, prit une profonde inspiration. Son visage exprimait une certaine gravité mais en son for intérieur il savourait l'instant. Enguerrand, quand a lui s'était crispé en attente d'une réponse a la question qu'il se posait chaque jour depuis cet instant maudit.

« Nous ne connaissons pas son véritable nom, mais elle se fait appeler Brume car elle aussi insaisissable qu'elle. C'est une tueuse, Enguerrand, et une des plus doués et surtout des plus patiente. Nous savons qu'elle travaille pour ses chiens d'Ibn Rachid même si ses derniers jure leur dieux impies que non. Son plan  était de séduire un proche de l'Escarte Magister. Et quoi de mieux que son petit neveu, dont personne n'ignore qu'en dépit de son sang il a voulu servir comme tout un chacun au sein de l'Ordre au lieu d'accepter une fonction digne de son rang. Elle vous a séduite, vous l'avez épousé et vous l'avez ramené avec vous. Durant deux ans, elle a vécu au Magisterium. Lui donnant ainsi l'opportunité de s'approcher de votre oncle. Qu'avez vous ressenti lorsque vous l'avez vu sortir une lame pour frapper votre oncle? qu'elles furent vos sentiments quand après avoir tué trois des cardinaux elle vous attaqua, parce que vous l'empêchiez de mener a bien sa criminelle entreprise?
_CESSEZ DONC VOS QUESTIONS IDIOTES! » Hurla Enguerrand, qui durant tout l'exposé avait blêmi.
« Ce ne sont pas des questions rethoriques, vous devez répondre!

_Que voulez vous entendre? Que je n'ai pas compris, que j'ai cru qu'elle était folle. La vérité c'est que j'ai su a cet instant que j'avais été berné, qu'elle m'avait menti et rien de ce que vous pourrez me faire n'égalera la souffrance que j'ai ressenti. Je sais que le 9ème Cercle m'attend. Mais je suis prêt. »
Il avait prononcé tout ceci d'une voix sèche et dur, et une solide résolution animait son regard.
L'inquisiteur sourit avant de répondre:

« Sa mission a échoué, nous avons cru qu'elle rentrerait en Jazirat, mais nous nous sommes trompés. Elle se trouve maintenant en Dorkadie et il semblerait que des nombreux documents soit en sa possession. Des documents qu'elle a volé a des hommes pendant qu'elle était dans leur lit. »A ses mots Enguerrant ferma les yeux et expira violemment. «Les documents ne sont pas le plus grave, il semblerait qu'elle ait volé au moment de sa fuite l'épée de Muhammad. La nouvelle ne s'est pas répandu et l'épée a été remplacé par une reproduction. Mais il est exclu qu'elle parvienne a retourner en Jazirat.
_Pourquoi me dites vous cela?
_Parce que vous allez aller a sa recherche et nous rapporter l'épée et les documents. Ses documents ne doivent pas tomber au mains des Saabis et encore moins au mains de Jeorg le Loyal. Mais plus important il est impératif que nous retrouvions l'épée. Cette épée ne doit pas revenir au mains des Saabis dussions nous la détruire pour que cela n'arrive pas.
_Attendez un peu. Vous me dites que c'est moi qui vais aller la chercher; pourquoi? »
Un petit rire malsain agita l'Inquisiteur:

« Parce que, vous avez vécu avec elle dura trois ans et que vous êtes le seul homme en Occident qui la connaisse, mais surtout parce que vous êtes l'homme qui a la plus forte raison de la retrouver. Elle s'est moqué de vous et a tenté de tuer votre oncle. Elle vous a utilisé et n'as pas hésiter a essayer de vous tuer. Et surtout c'est pour vous le seul moyen de réparer vos torts et de pouvoir un jour espérer l'absolution. Le ferez vous? »

Enguerrand s'agenouillât devant l'inquisiteur et d'une voix grave:
« Je fait le serment sur mon âme et ma vie, que je ne trouverai nul repos jusqu'au jour ou ayant retrouvé cette chienne, je récupérerai l'épée et je lui transpercerai le cœur de ma lame. »

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Les trois mots: Poivron-Vivifiant-Mathematique

Ouais la j'avoue qu'avec un peu de recul ça fait gros... Mais bon tout MJ est libre de modifier^

CXZman a écrit:

- Brume est une djinn qui travaille pour le Magister. Le sabre n'a pas été volé mais remis à sa place. L'oncle a voulu tester son neveux. Mais l'Inquisiteur l'a envoyé la tuer et il est trop tard pour s'expliquer. Enguerrand découvrira peut-être la vérité avant que tout ne dégénère réellement.

Que nenni, il n'y a pas de Djinn en Terres Escartes, ils ne peuvent s'éloigner de Jazirat sans craindre la perte de leur essence.

Je veux jouer à ce jeu ! Personne pour relancer le schmilblick ? :'(

Poivron-Vivifiant-Mathématique

Falafel, le vendeur de shawarma

"Bism Houbal Al-Mustaqim..." murmura le grassouillet personnage, et comme faisant appel à une oeuvre de Teime Check il se mit à tracer des constellations sur son plan de travail. Il le fit juste après que le noble saabi ait passé commande.

Le marchand inspira profondément puis ouvrit un poivron en deux, il l'avait coupé en dés et les lança dans une huile bouillante. Son interlocuteur resta perplexe en le voyant faire. Alors il propulsa une galette de maïs dans les airs et d'un revers de cuillère étala la mixture à base d'ail et de piments sur un côté en attendant que les pommes de terre dorent dans un mélange d'huile et d'herbes odorantes. Entre deux coups de couteau affûté dans de la viande de mouton, Falafel toisait son client, impatient et affamé.

"Tu as l'air d'avoir faim, voyageur, mais ne t'inquiètes pas si tu es ici c'est que tu as entendu parler de mes shawarma. Elles sont délicieuses, et tu ne te trompes pas, ce qu'on dit à leur sujet est vrai."

Le noble saabi hocha la tête toujours aussi silencieux car depuis peu il avait découvert qu'il était stérile et cela l'avait rendu terriblement acerbe, aussi quand il parlait il ne le faisait que pour insulter ou encore s'énerver. Sa femme était à sa droite et elle aussi mourrait de faim à voir ses joues creusées et sa langue pâteuse. Tous deux étaient du même sang, un couple de nobles d'un clan mineur en mal de vivre bien que récemment mariés. Le patriarche de ce clan mineur avait lutté toute son existence pour hisser les siens aux commandes du commerce de turquoises et cela avait valu sa renommé et son nom : les Ibn Hajar, aussi lorsqu'il apprit que son fils était frappé par la stérilité il se mit à la recherche d'un remède et loua les 1001 dieux sans relâche.Vainement...

"Tu as entendu parlé de mes célèbres shawarma, hein ? Et vous madame ? Vous n'avez pas envie de discuter... ?!"

Il s'agitait en pesant de ci de là les aliments. Tantôt pesant les pommes de terres en notant dans un calepin, rectifiant les pesées enlevant des morceaux lorsqu'il le jugeait nécessaire. Il traça à la règle sur la galette son trait d'harissa puis disposa avec parcimonie les olives dénoyautées qui dessinaient une rosace. Si bien que l'on pu croire à une démonstration mathématique et géométrique tant sa confection du plat avait quelque chose de réglée et calculée.

Sa cuisine en extérieur avait tout d'une salle d'étude d'une grande université agalanthéenne : équerre, règles, instruments de calcul, et de nombreux livres que les vapeurs et tâches d'huile avaient rendu très peu utilisables. Contrairement aux aliments qui étaient choisis selon des critères de taille, de rondeur et de perfection pour finir au final au même endroit.

"J'ai bientôt terminé, il me faut juste découper le mouton en triangles équilatéraux, vois-tu je suis sûr que des carrées donneraient une mastication moins difficile, mais le triangle est une forme parfaite."

Il disposa dans la galette en plus des poivrons frits, des oignons frits, du mouton finement coupé, des pommes de terre sautés, des tomates, du houmous et une sauce à base de sésame puis il enroula le tout et le tendit aux deux personnages contraint par la faim.

Le couple était sûr, leur interlocuteur était bien le célèbre Falafel, vendeur itinérant de shawarma, fameux met vivifiant, capable de rendre la santé à quiconque en mangerait. Alors, et seulement alors, ils se mirent à sourire avec une expression de soulagement. Falafel tendit les deux shawarma identiques tant dans la forme que dans le poids et ils les mangèrent.

"Mmh, c'est très bon, ce goût de viande citronnée et de houmous..."

La jeune femme s'empourpra en dégustant le met, le piment rehaussant la chaleur dans son corps. Le jeune homme s'extasia en dévorant la viande goûtue, et la termina avant sa compagne. Puis il se regardèrent et disparurent dans les rues du souk de Jergath à la recherche d'autres achats.

Falafel ne les croisa plus, enfin plus jusqu'à ce jour... un an plus tard, le même homme silencieux et la même femme revinrent à lui, cette fois-ci sourire aux lèvres de prime abord.

"Eh bien, les amis, je crois que je ne vous ai pas vu depuis un long moment. Si je ne me trompe pas vous aviez oublié de me régler les 3 onces de cumins..."

Falafel, rieur comme à son habitude et digne de sa légendaire mémoire d'éléphant interpella les anciens consommateurs de shawarma qui eux se retournèrent vers lui, tenant à bout de bras un nourrisson qui dormait dans son couffin... c'était leur fils !

"Oh oui tu vas être payé mon ami ! Comment as-tu fais pour permettre un tel miracle ?" s'empressa de répondre le jeune homme heureux, sortant de larges bourses de safran et en faisant don au bedonnant commerçant qui lui accepta sans s'enorgueillir.

Ils repartirent bien vite. Bien sûr ils n'étaient plus là pour voir son contentement lorsqu'il exulta, et bien sûr ils n'étaient plus là pour voir derrière son comptoir un tronc disparaître dans une brume vaporeuse qui lui servait de pieds.

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Béotien - Mirage - Cacahuète

c'est bien sympa tout ça! avec en plus un prémice d'une nouvelle tribu majeure? t'es sur le coup ou je m'y colle?

super! si ça t'embête pas, je ponds les caracs et j'ai quelque idées pour broder sur leur BG. je te laisse le copyright, tu me diras ce que tu en penses...

Le caractère plutôt ^^ genre idiot ou ignare !

Béotien - Mirage - Cacahuète

Sur la crête d’une dune, dans l’Aramla-El-Nar, trois silhouettes marchent péniblement, accablées par l’Aigle-Soleil qui observe de son oeil brillant la fin proche de ces voyageurs inconscients...

«Argh... Voyez-vous... un coin d’ombre... à quelque distance de nous? suffoquait Mouloud Ibn Rachid Abd-al-Hassan, Mudjahid au service de Jergath-la-Grande.
- ... Non, rien sous le ciel autre que ce sabre brûlant... Houbal semble avoir détourné son regard de notre destin. Attendez... je vais... suivez-moi, haleta Adib Ibn Yucef Abd-al-Salif.
Ce faisant, il commença à descendre le long de la dune, navigant tel un navire minuscule dans le creux d’une montagne aqueuse déchaînée, tout en murmurant des paroles anciennes. A la fin, épuisé, il s’assit lourdement dans le sable et disparut ce faisant de leur  vue.
«... approchez, ce côté-ci ne voit qu’un demi-ciel limpide. Nous devrions pouvoir attendre ici qu’Almaqah vienne veiller sur nous.
- Mais... tu as raison, s’exclama Mouloud, un pan d’ombre te protège des douloureux rayons! Loué soit ton don, cher ami! Tu es réellement l’allié du désert, même dans ce temps difficiles. Allons, dépêche-toi Fouad!
- Oh... euh... que s’passe-t-il? Je.. j’étais en train de compter c’qui nous reste... de manger, Seigneur...
- Eh bien, fais donc, ce ne devrait plus être long! Et quand tu auras fini, peut-être consentiras-tu à faire ton travail et porter nos affaires?

Quelques minutes après ce discours moqueur, Fouad sentit sa tête tourner et finit par comprendre que concentré comme il l’était, il s’était figé en plein soleil. Il se hâta vers la zone d’ombre qui semblait envelopper ce pan de dune.
«Alors, tu as compté? Pesé? Réfléchi? Nous reste-t-il de quoi nous restaurer?
- Ne lui en demande pas trop, fils d’Hassan, le grand Fouad possède un esprit digne des plus grands penseurs, il pourrait te donner une réponse trop complexe! Haha...
- Euh... merci Seigneur caravanier... Je ne sais que dire, c’est trop d’honneur...
- Alors??
- Oh, euh... oui, certainement... J’veux dire, non... Je crois qu’tout c’qui reste est c’paquet de cacahuètes que j’avais gardé dans ma poche. Et je l’avais oublié... J’ai eu beau chercher, rien d’autre. Euh... pardon...
- Tout ça pour ça... souffla Mouloud. Soit, partage tes cacahuètes avec nous, et prends soin de nos affaires restantes. Cher ami, nous dînerons de poésie, si vous acceptez mon insipide lyrisme et mes rimes bancales.
- Bien, dit le caravanier, je présume que ce sera plus nourrissant que ces pauvres graines. Par contre, Fouad, fais donc un petit tour de notre retraite temporaire, et cherche les sables mouvants. Utilise le bâton, comme je t’ai montré! Sois prudent, ou tu mourras.»

En partant armé de son bâton à la recherche des terribles sables mouvants qui, d’après les Seigneurs, infestaient cette région, Fouad entendit Mouloud Ibn Rachid se moquer de nouveau de lui, disant que «son avenir était tout tracé et que les sables mouvants ne feraient qu’accélérer vers l’ultime destination ce pauvre sot». Impressionné par les talents divinatoires du Mudjahid qui semblait déjà savoir le destin qui lui était réservé, le serviteur fit marche vers le versant est tout en mangeant quelques graines savoureuses.
On l’avait souvent raillé, il le savait. Mais souvent les mots s’emmêlaient, formant des sons inconnus et des musiques envoûtantes, si bien qu’il oubliait généralement ce qu’il était dit. De plus, étant illettré, il n’avait l’occasion de saisir pourquoi les enfants de son maître riaient lorsqu’il se retournait après lui avoir collé un parchemin sur le dos. Sans doute une technique subtile pour le remercier de les avoir portés sur son dos pendant leur enfance. En bref, Fouad ne comprenait pas grand-chose, en savait encore moins, et vivait plutôt paisiblement cette absence de connaissance.
C’est alors qu’il se rendit compte que perdu dans ses esprits, il avait oublié d’utiliser le bâton. Il s’en empara prestement, faisant tomber au passage ses cacahuètes... Avec un sursaut, il se jeta au sol avant qu’elles ne se dispersent dans le sable, qui céda sous lui. Presque instantanément, il disparut de la surface, comme s’il n’avait jamais existé.

Pendant la journée, après avoir disserté poésie, théologie, conquêtes, argent et femmes pour oublier la chaleur, ils tentèrent d’appeler leur serviteur, en vain. Ainsi les deux grands hommes reprirent leur marche à la faveur de la nuit tombante, pestant contre le sot qui leur avait fait perdre un temps précieux et quelque équipement supplémentaire. Ce fut au milieu de la nuit, pendant qu’ils arrivaient en haut d’une dune, qu’Adib repéra une oasis toute petite, au creux du désert. Leur joie les transporta jusqu’au bord de l’eau : leur reflet luisait étrangement, et curieusement la lune prenait une teinte rose... qui vira au rouge sang à l’instant même où leurs cris d’horreur s’élevèrent. Nul ne revit plus jamais le seigneur de Jergath-la-Grande, ni le grand caravanier d’Alayahba...

Fouad s’éveilla dans une grande caverne, et dans l’ombre brillaient un feu sauvage, s’étirant et se déhanchant comme la plus fervente des danseuses de Carrassine. Enfin, ce devait être comme ça qu’elles dansaient, lui n’avait vu que rarement autre chose que les gouvernantes de la maison de son maître. Soudain, le feu ouvrit de grands yeux et du brasier s’éleva une voix étrange :
«Frrrr... un êtrre humain... il a surrvécu au sable. Dis, humain, veux-tu t’approcher?
Euh... bien, Seigneur, répondit un Fouad penaud mais désirant bien faire.
Alorrs, humain... Face aux flammes orriginelles, tu es insignifiant : carr je suis un démon, un afrreet. Tu ne peux me vaincre, ni me dominer. Que vas-tu faire?
... Je pense que je vais rechercher la sortie, car mes maîtres ont besoin de moi. Merci de m’avoir éclairé le chemin, seigneur du Feu. Au revoir.»
Et il partit, laissant le monstre interdit. Car ignorant tout des afreeti et croyant avoir affaire à un feu magique, il ne leur octroyait ni force ni substance, et le feu restait ainsi un simple feu.

«Si tu souhaites continuer ta route, humain, tu vas devoir répondre à une devinette, susurra dans le noir une forme indistincte. Il s’agissait d’un fantôme, buvant l’esprit des êtres vivants pour survivre.
- Euh... je vous écoute, monsieur, bien que je ne sois pas très sûr de mon savoir.
- Ce n’est pas grave, je souhaite juste sonder ton esprit. Voilà : le célèbre mudjahid Ziad ‘le Lion aux Griffes d’Or’ a été appelé à la cour du Roi pour être porté en triomphe. Mais ses ennemis comptent le faire tomber en disgrâce et usent d’un stratagème. Ils changent l’ordre des sièges de façon à ce que Ziad soit assis à la même hauteur que le très sévère et strict Ministre de la Justice ; de plus, ils s’assurent que le plat préparé à son intention soit de si mauvais goût qu’il ne pourra jamais le terminer. Ziad, arrivant dans la salle du banquer, remarque immédiatement ces détails : comment va-t-il éviter de déshonorer le Roi et courroucer le Ministre tout à la fois?
- Ah... euh... j’ai pas tout compris... alors... je dirais... qu’il va repartir? Si l’plat est pas bon, et qu’les seigneurs sont fâchés ben vaut mieux attendre un meilleur jour, non? ... J’y vais maintenant. Bonne nuit, monseigneur.»
Incapable de bouger, le fantôme ne s’attendait évidemment pas à cette réponse digne d’un serviteur ou d’un esclave. L’esprit de cet homme serait un plat de mauvais goût, comme dans sa devinette ; le fantôme resta une ombre sans corps.

Ainsi Fouad trouva une sortie, et quitta le Mirage, tellement distrait par l’idée de retrouver ses maîtres et mangeant ses cacahuètes qu’il ne fut pas ensorcelé par les miroirs démoniaques, ni touché par les musiques de l’au-delà, ni encore attaqué par les monstres voleurs d’esprit. Il arriva dans une petite oasis, et partit dans la direction du soleil levant.

Depuis ce jour, il est fréquent de rencontrer dans les oasis un homme à l’apparence banale, accompagnant diverses caravanes dans le désert ; payé pour sa simple présence, Fouad «la Graine de Chance» comme on l’appelle, vit tranquillement et mange à sa faim... régulièrement des cacahuètes.


Et puis trois mots en T : Tenture - Temporel - Tricher

Dernière modification par Sirocco (31 May 2010 14:56:36)